(Domaines de recherche, problématiques, méthodologie)
Les deux thèses d’Annie Moulin reposent sur une méthode classique : un dépouillement important de sources variées, une large bibliographie et une bonne faculté de synthèse : pas d’impasse, pas de présupposé. Elle a aussi le souci, ce qui constitue son originalité, d’inscrire son sujet dans un cadre élargi, dans l’espace ou dans le temps.
Le phénomène migratoire des maçons creusois était bien connu pour le XIXe siècle, mais non pour les périodes antérieures auxquelles elle s’attache. Elle a utilisé les sources démographiques et économiques (données sur la propriété, les prix et salaires) de la Marche et de Paris. Elle les accompagne de leur point de départ en Creuse jusqu’à leur principale destination, Paris. Elle fournit une étude, originale et approfondie des conditions de vie dans la colonie marchoise de Paris.
La seconde thèse (HDR) sur la guerre et le développement industriel de Clermont-Ferrand utilise des sources encore peu pratiquées à ce moment, qu’elle traite par la micro-informatique : fiscales (impôt sur les bénéfices de guerre, les marchés passés avec les services de l’Etat) et judiciaires (indemnisation des victimes d’accidents du travail). L’apport de cette recherche est de montrer comment s’est effectuée la mobilisation industrielle d’une ville de l’arrière qui était en phase de démarrage en 1914. Elle met l’accent sur les conséquences sur les ouvriers qui ont une vie très rude, bien qu’étant à l’arrière. Surtout, son étude se poursuit jusqu’en 1922, elle prend en compte la reconversion d’après-guerre.
Son ouvrage de synthèse sur les Paysans dans la société française a été très apprécié, par la qualité de son information, par sa synthèse des principaux aspects et par ses analyses des grands débats en cours. Il a été traduit en anglais.