Programme 2014-2015
12 novembre 2015 : Journée d’études « Jules Michelet : actualité de l’Histoire de la Révolution », univ. Pierre-Mendès-France Grenoble 2
4 décembre 2015 : « Michelet et le débat historiographique du début du xixe siècle » (David Gaussen)
15 janvier 2016 : « J. Reynaud et P. Leroux, artisans du néo-robespierrisme sous la monarchie de Juillet (1832-1834) » (Vincent Bourdeau, univ. de Bourgogne Franche-Comté)
15 février 2016 : « Constituer le temps : la naissance de l’histoire de France au lendemain de la Révolution » (Frédéric Brahami, EHESS)
13 avril 2016 : « Écrire la Révolution » (Sophie Wahnich, EHESS)
13 juin 2016 : « Le populisme de Michelet » (Federico Tarragoni, univ. Paris Diderot)
Représentative de la complexité du xixe siècle, d’intuitions épistémologiques intimement liées au travail de l’écriture, d’une pensée politique sensible aussi bien au contemporain qu’à la longue durée, la figure de Michelet, dans laquelle s’étaient reconnus au milieu des années 1970 les explorateurs de nouveaux modes de pensée (nouveaux historiens, philosophes et nouvelle critique), tend depuis le début du xxie siècle à être excessivement simplifiée par le discours médiatique et même universitaire. Michelet, fréquemment cité pourtant, ne semble plus être qu’une référence pour indexer un nationalisme suspect de relents chauvins, une mystique de la France, un « roman national » – les uns s’autorisant de son aura de grand historien-écrivain pour justifier leurs propres préférences, les autres résumant par son nom ce dont il faut s’écarter.
Le séminaire « Michelet hors frontières » entend reprendre la réflexion sur cet auteur dont l’œuvre a été trop souvent réduite au « schème national ». Autant, sur le plan de l’expression, Michelet est un écrivain qui se joue des frontières entre les formes et les types d’écriture, autant sa pensée historique et politique est, elle aussi, labile, construisant et déconstruisant le modèle de la nation, lorsqu’elle s’élargit à l’échelle de l’Europe et du monde ou qu’elle prend en compte le local, le périphérique et l’excentrique. Ancrée dans une épistémè romantique qui dépasse largement les bornes de la France, nourrie de la lecture des savants et des théoriciens de toute l’Europe, aspirant à la fraternité des peuples, actualisant celle-ci par un très large réseau de relations internationales, l’œuvre de Michelet est constamment animée d’un double mouvement : identification de frontières, de seuils, de délimitations – en fonction de quoi se marque le devenir et le travail du sens –, mais aussi franchissement de ces frontières, remise en cause des seuils, transgression des limites – en fonction de quoi l’interprétation chemine sans jamais se figer dans l’idéologie ou la doctrine.
C’est à partir de l’examen de ce débordement des frontières, tant épistémologiques que géographiques ou littéraires, que le séminaire « Michelet hors frontières » voudrait entamer l’exploration sur nouveaux frais d’un historien et d’un écrivain au rôle majeur dans la constitution des sciences humaines actuelles.